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Pensée radicale

Pensée radicale

Une pensée radicale est une pensée allant jusqu'aux racines des problèmes afin de résoudre ceux-ci


LA TECHNOLOGIE N'EST PAS NEUTRE - STEEVE VALENCOURT

Publié par A. Paris sur 21 Avril 2016, 16:18pm

Catégories : #Philosophie-Penseurs-Pensées, #Science-Technologie

LA TECHNOLOGIE N'EST PAS NEUTRE - STEEVE VALENCOURT

(Merci aux Décroisseurs Bérichons)

La technologie est neutre ! Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Ainsi, un même outil servira-t-il de bonnes ou de mauvaises fins selon l’intention de son utilisateur : un couteau, par exemple, servira soit à tuer un homme soit à tartiner du fromage sur une miche de pain… Mais est-ce bien si simple ? A ceux qui n’ont (toujours) pas compris pourquoi une telle perspective est totalement fausse, je conseille la lecture de ce livre rédigé par le professeur américain de science politique Langdon Winner. Écrit de manière simple et agréable, il permet en effet de tordre (définitivement ?) le cou à ces idées reçues qui persistent malgré les ravages, toujours plus profonds, provoqués par le déferlement technologique de notre époque.

Divisé en trois grandes parties, c’est principalement dans la première (intitulée une philosophie de la technique) que Langdon Winner expose graduellement ses arguments contre la neutralité supposée des artefacts techniques.

Les technologies, nous dit Langdon Winner, sont de puissantes forces qui refaçonnent l'activité humaine et sa signification. Avec le développement de la technologie moderne ce ne sont rien de moins que les habitudes individuelles, les perceptions, les conceptions de soi, les idées relatives à l’espace et au temps, les relations sociales, les frontières morales et politiques, qui ont été fortement restructurés.

Par conséquent, il est nécessaire de dépasser la problématique des impacts et des effets secondaires et pour cela commencer « par reconnaître que pendant que les technologies sont en cours de construction et de mise en œuvre, certaines modifications significatives des comportements et institutions humaines sont elles aussi en train de se mettre en place. » Il est en effet certain que « La construction d’un système technique qui implique des êtres humains comme éléments de fonctionnement porte en elle une reconstruction des rôles et des relations sociales ».

Ceci est d'autant plus important que l'ensemble des artefacts techniques constituent « aujourd'hui des formes de vies au sens le plus fort du terme » : téléphonie, déplacement automobile, éclairage électrique, informatique sont autant de systèmes techniques sans lesquels nous aurions beaucoup de mal à vivre dans notre société.

Non, la vraie question à se poser est la suivante : « en faisant « marcher les choses » quelle sorte de monde sommes-nous en train de construire ? »

Il est possible de concevoir les propriétés politiques des artefacts techniques de deux manières :

  • Lorsqu’une technologie a précisément pour objectif de résoudre un problème dans la vie de la communauté ;
  • Lorsqu'une technologie est « intrinsèquement politique » c’est-à-dire semblent exiger, ou avoir une forte affinité avec, certains types de relations politiques.

Concernant la première approche, Langdon Winner, précise : « Nous considérons habituellement les technologies comme des outils neutres qui peuvent être utilisé bien ou mal, pour faire le bien ou le mal, ou un peu des deux. Mais nous prenons rarement le temps de nous demander si un appareil donné n’aurait pas été conçu et construit de manière à produire un certain nombre de conséquences au-delà (logiquement et temporellement) de toute utilisation déclarée. »

Parmi les exemples qui illustrent cette thèse, Langdon Winner cite le cas de l’architecte Robert Moses qui, entre 1920 et 1970, a délibérément construit à New York des ponts d’une hauteur extrêmement basse afin que les pauvres et les noirs, qui utilisaient principalement des bus pour se déplacer, donc des véhicules élevés, soient privés de la possibilité d’accéder à certains lieux.

Notons, au passage, que cet exemple met également en évidence que, peut-être encore plus que certaines lois ou institutions, les structures technologiques fixent un cadre de vie pour plusieurs générations (la manière de travailler, de communiquer, de consommer, et, ici, de voyager) : il suffit de se rendre à New York, aujourd’hui encore, pour s’apercevoir que les ponts de Moses sont toujours là et qu’il est encore impossible aux bus de circuler facilement…

Toutefois, dans ce cas, la « parade » est relativement « simple » : il suffit de reconstruire des ponts plus hauts pour que les pauvres voient leur mobilité augmentée. Ici, la technologie en question est donc suffisamment « flexible » pour qu'il soit possible de la conserver et de l'utiliser de manière compatible avec d'autres valeurs que celles de Robert Moses.

Pour autant, il existe des technologies beaucoup plus pernicieuses. A savoir que choisir ces technologies c’est également choisir, de manièreirréversible, une forme donnée de vie politique. Deux points de vues restent néanmoins possibles :

Le premier « affirme qu’adopter un système technique donné impose qu’on crée et qu’on entretienne un ensemble particulier de conditions sociales en tant qu’environnement de fonctionnement de ce système ». Autrement dit, certaines techniques exigent une structure particulière de leur environnement social. Le second, en revanche, se borne à soutenir que telle type de technologie a de fortes affinités avec certains types de relations sociales et politiques. 1

Un exemple paradigmatique, et sans doute le plus simple, est celui de la bombe atomique : de part ses propriétés létales, la bombe exige une société autoritaire qui seule est capable, via un commandement centralisé, rigide et hiérarchique, de contrôler efficacement celle-ci.

D’autres exemples laissent place à la discussion. Ainsi, faut-il s’accorder avec l'historien Alfred D. Chandler2, lorsque celui-ci affirme que le développement des systèmes de production, de transport et de communication, aux XIXe et XXe siècles a « exigé » une organisation politique fortement centralisée et hautement hiérarchique ? Ou bien faut-il seulement affirmer une « forte affinité » avec ce type d’organisation politique ? Pour Langdon Winner, là est la question.

En tous cas, force est de constater que ce type d’interrogation n’a pas cours dans notre société et que toute opposition à certaines techniques (OGM, nanotechnologies, etc.) à partir d’un point de vue moral ou politique, mettant donc en avant des valeurs comme la liberté, la justice, l’égalité, etc. sera ipso facto taxé d’idéaliste et par conséquent disqualifiée d’entrée de jeu ! Aussi, conclut Langdon Winner, « dans bien des cas, dire que des technologies sont « intrinsèquement politique », c’est dire que certains impératifs de nécessité pratiques (particulièrement le besoin de maintenir les systèmes technologiques vitaux en état de bon fonctionnement) ont réussi à éclipser toute autre sorte de réflexion morale et politique. »

Dans la suite, Langdon Winner aborde la « constitution technique de la société ». Il faut bien constater, souligne-t-il, qu’aujourd’hui les systèmes, dorénavant interconnectés, de fabrication, de communication, de transport, etc. « forment de facto une constitution [politique] au rabais, la constitution d’un ordre socio-technique. » Il est intéressant d’en noter les traits saillants :

  • Les technologies de transports et de communication, favorisent la centralisation du contrôle social ;
  • Les nouvelles techniques favorisent toujours plus la croissance des « sous-ensembles les plus efficaces des associations humaines organisées ». Autrement dit, les organisations, les structures, deviennent de plus en plus énormes et gigantesques ;
  • La tendance des systèmes socio-techniques à fonctionner selon leurs propres normes d’efficacité, induisent leurs propres formes d’autorité hiérarchique : les experts ordonnent les autres obéissent ! Voilà l’inégalité légitimée ;
  • Les systèmes socio-techniques ont toujours tendance à s’étendre davantage et à saturer l’espace social au dépend des autres formes d’activité humaines. « Il ne s’agit pas seulement de l’extinction de techniques et outils autrefois utiles, il s’agit de la disparition des formes d’existence sociale et d’expérience individuelle autrefois vivantes et qui utilisaient ces outils. »
  • Enfin, les systèmes socio-techniques tendent à toujours augmenter leur contrôle sur les mécanismes sociaux et politiques censés les réguler. « les besoins individuels, les marchés et les institutions politiques qui devraient réguler les systèmes technologiques sont souvent manipulés par ces systèmes eux-mêmes. »

Voilà une liste, non exhaustive, des caractéristiques des systèmes techniques contemporains qui s’interprètent directement comme autant de choix politiques : centralisation, démesure, hiérarchie, totalisation, contrôle social.

Ainsi, au-delà du bon ou du mauvais usage, au-delà des effets et des impacts des techniques, ce sont bien sur les infrastructures matérielles et sociales coextensives à ces dernières qu’il nous faut réfléchir3 si nous voulons comprendre pourquoi notre forme de vie est aujourd’hui si peu compatible avec la liberté, la justice etc.

Les deux parties suivantes de l’ouvrage, bien que moins axées sur la technique proprement dite, apportent cependant d'autres éléments à prendre en compte.

La deuxième (II : Technologie :

La technologie est neutre ! Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Ainsi, un même outil servira-t-il de bonnes ou de mauvaises fins selon l’intention de son utilisateur : un couteau, par exemple, servira soit à tuer un homme soit à tartiner du fromage sur une miche de pain… Mais est-ce bien si simple ? A ceux qui n’ont (toujours) pas compris pourquoi une telle perspective est totalement fausse, je conseille la lecture de ce livre rédigé par le professeur américain de science politique Langdon Winner. Écrit de manière simple et agréable, il permet en effet de tordre (définitivement ?) le cou à ces idées reçues qui persistent malgré les ravages, toujours plus profonds, provoqués par le déferlement technologique de notre époque.

Divisé en trois grandes parties, c’est principalement dans la première (intitulée une philosophie de la technique) que Langdon Winner expose graduellement ses arguments contre la neutralité supposée des artefacts techniques.

Les technologies, nous dit Langdon Winner, sont de puissantes forces qui refaçonnent l'activité humaine et sa signification. Avec le développement de la technologie moderne ce ne sont rien de moins que les habitudes individuelles, les perceptions, les conceptions de soi, les idées relatives à l’espace et au temps, les relations sociales, les frontières morales et politiques, qui ont été fortement restructurés.

Par conséquent, il est nécessaire de dépasser la problématique des impacts et des effets secondaires et pour cela commencer « par reconnaître que pendant que les technologies sont en cours de construction et de mise en œuvre, certaines modifications significatives des comportements et institutions humaines sont elles aussi en train de se mettre en place. » Il est en effet certain que « La construction d’un système technique qui implique des êtres humains comme éléments de fonctionnement porte en elle une reconstruction des rôles et des relations sociales ».

Ceci est d'autant plus important que l'ensemble des artefacts techniques constituent « aujourd'hui des formes de vies au sens le plus fort du terme » : téléphonie, déplacement automobile, éclairage électrique, informatique sont autant de systèmes techniques sans lesquels nous aurions beaucoup de mal à vivre dans notre société.

Non, la vraie question à se poser est la suivante : « en faisant « marcher les choses » quelle sorte de monde sommes-nous en train de construire ? »

Il est possible de concevoir les propriétés politiques des artefacts techniques de deux manières :

  • Lorsqu’une technologie a précisément pour objectif de résoudre un problème dans la vie de la communauté ;
  • Lorsqu'une technologie est « intrinsèquement politique » c’est-à-dire semblent exiger, ou avoir une forte affinité avec, certains types de relations politiques.

Concernant la première approche, Langdon Winner, précise : « Nous considérons habituellement les technologies comme des outils neutres qui peuvent être utilisé bien ou mal, pour faire le bien ou le mal, ou un peu des deux. Mais nous prenons rarement le temps de nous demander si un appareil donné n’aurait pas été conçu et construit de manière à produire un certain nombre de conséquences au-delà (logiquement et temporellement) de toute utilisation déclarée. »

Parmi les exemples qui illustrent cette thèse, Langdon Winner cite le cas de l’architecte Robert Moses qui, entre 1920 et 1970, a délibérément construit à New York des ponts d’une hauteur extrêmement basse afin que les pauvres et les noirs, qui utilisaient principalement des bus pour se déplacer, donc des véhicules élevés, soient privés de la possibilité d’accéder à certains lieux.

Notons, au passage, que cet exemple met également en évidence que, peut-être encore plus que certaines lois ou institutions, les structures technologiques fixent un cadre de vie pour plusieurs générations (la manière de travailler, de communiquer, de consommer, et, ici, de voyager) : il suffit de se rendre à New York, aujourd’hui encore, pour s’apercevoir que les ponts de Moses sont toujours là et qu’il est encore impossible aux bus de circuler facilement…

Toutefois, dans ce cas, la « parade » est relativement « simple » : il suffit de reconstruire des ponts plus hauts pour que les pauvres voient leur mobilité augmentée. Ici, la technologie en question est donc suffisamment « flexible » pour qu'il soit possible de la conserver et de l'utiliser de manière compatible avec d'autres valeurs que celles de Robert Moses.

Pour autant, il existe des technologies beaucoup plus pernicieuses. A savoir que choisir ces technologies c’est également choisir, de manièreirréversible, une forme donnée de vie politique. Deux points de vues restent néanmoins possibles :

Le premier « affirme qu’adopter un système technique donné impose qu’on crée et qu’on entretienne un ensemble particulier de conditions sociales en tant qu’environnement de fonctionnement de ce système ». Autrement dit, certaines techniques exigent une structure particulière de leur environnement social. Le second, en revanche, se borne à soutenir que telle type de technologie a de fortes affinités avec certains types de relations sociales et politiques. 1

Un exemple paradigmatique, et sans doute le plus simple, est celui de la bombe atomique : de part ses propriétés létales, la bombe exige une société autoritaire qui seule est capable, via un commandement centralisé, rigide et hiérarchique, de contrôler efficacement celle-ci.

D’autres exemples laissent place à la discussion. Ainsi, faut-il s’accorder avec l'historien Alfred D. Chandler2, lorsque celui-ci affirme que le développement des systèmes de production, de transport et de communication, aux XIXe et XXe siècles a « exigé » une organisation politique fortement centralisée et hautement hiérarchique ? Ou bien faut-il seulement affirmer une « forte affinité » avec ce type d’organisation politique ? Pour Langdon Winner, là est la question.

En tous cas, force est de constater que ce type d’interrogation n’a pas cours dans notre société et que toute opposition à certaines techniques (OGM, nanotechnologies, etc.) à partir d’un point de vue moral ou politique, mettant donc en avant des valeurs comme la liberté, la justice, l’égalité, etc. sera ipso facto taxé d’idéaliste et par conséquent disqualifiée d’entrée de jeu ! Aussi, conclut Langdon Winner, « dans bien des cas, dire que des technologies sont « intrinsèquement politique », c’est dire que certains impératifs de nécessité pratiques (particulièrement le besoin de maintenir les systèmes technologiques vitaux en état de bon fonctionnement) ont réussi à éclipser toute autre sorte de réflexion morale et politique. »

Dans la suite, Langdon Winner aborde la « constitution technique de la société ». Il faut bien constater, souligne-t-il, qu’aujourd’hui les systèmes, dorénavant interconnectés, de fabrication, de communication, de transport, etc. « forment de facto une constitution [politique] au rabais, la constitution d’un ordre socio-technique. » Il est intéressant d’en noter les traits saillants :

  • Les technologies de transports et de communication, favorisent la centralisation du contrôle social ;
  • Les nouvelles techniques favorisent toujours plus la croissance des « sous-ensembles les plus efficaces des associations humaines organisées ». Autrement dit, les organisations, les structures, deviennent de plus en plus énormes et gigantesques ;
  • La tendance des systèmes socio-techniques à fonctionner selon leurs propres normes d’efficacité, induisent leurs propres formes d’autorité hiérarchique : les experts ordonnent les autres obéissent ! Voilà l’inégalité légitimée ;
  • Les systèmes socio-techniques ont toujours tendance à s’étendre davantage et à saturer l’espace social au dépend des autres formes d’activité humaines. « Il ne s’agit pas seulement de l’extinction de techniques et outils autrefois utiles, il s’agit de la disparition des formes d’existence sociale et d’expérience individuelle autrefois vivantes et qui utilisaient ces outils. »
  • Enfin, les systèmes socio-techniques tendent à toujours augmenter leur contrôle sur les mécanismes sociaux et politiques censés les réguler. « les besoins individuels, les marchés et les institutions politiques qui devraient réguler les systèmes technologiques sont souvent manipulés par ces systèmes eux-mêmes. »

Voilà une liste, non exhaustive, des caractéristiques des systèmes techniques contemporains qui s’interprètent directement comme autant de choix politiques : centralisation, démesure, hiérarchie, totalisation, contrôle social.

Ainsi, au-delà du bon ou du mauvais usage, au-delà des effets et des impacts des techniques, ce sont bien sur les infrastructures matérielles et sociales coextensives à ces dernières qu’il nous faut réfléchir3 si nous voulons comprendre pourquoi notre forme de vie est aujourd’hui si peu compatible avec la liberté, la justice etc.

Les deux parties suivantes de l’ouvrage, bien que moins axées sur la technique proprement dite, apportent cependant d'autres éléments à prendre en compte.

La deuxième (II : Technologie : réforme et révolution) explore notamment les tentatives passées (et manquées) de renverser la tendance mortifère qui nous emporte. Ainsi, les mouvements des années 70 (ceux pour qui « small is beautifull ») étaient, note Langdon Winner, tout autant marqués par l’incohérence de certaines revendications que par la naïveté de ces gentils visionnaires qui « voulaient éviter la confrontation directe avec les réalités de l’organisation du pouvoir politique et social. »

Enfin, dans la dernière partie (III : l’excès et la limite), Langdon Winner offre des réflexions stimulantes sur la difficulté à fonder une opposition aux excès, bref à instaurer des limites. En particulier, il montre les insuffisances d'un concept aussi flou que celui de nature ou encore le danger qu’il y a à se laisser embarquer dans une analyse risque/coût/bénéfice dans laquelle les mouvements d’opposition ont tout à perdre…

Bref, voici un fort beau livre que je vous conseille ardemment !

Steeve

 

1 Langdon Winner remarque également que, pour les deux arguments, il est pertinent de faire une distinction entre conditions internes et externes de fonctionnement du système technique. Ainsi, les conditions dans l’usine ne sont pas forcément celles qui existent dehors.

2 Dans The Visible Hand. Harvard University Press, 1977, trad. fr., Paris, Éditions Economica, 1988. .Je signale que l'on peut trouver dans le bulletin Notes & Morceaux choisis n°7 un article de Matthieu Amiech dans lequel celui-ci formule quelques remarques forts pertinentes au sujet de ce livre.

3 Au moins en partie...

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